Le vrai Pardon – « Présent » Chap.#42

Dans le film « Will Hunting », Matt Damon joue le rôle de Will, un jeune surdoué qui a connu une enfance difficile avec un père violent et alcoolique.

Il se lie peu à peu d’affection avec un psychologue : Sean Maguire, joué par Robin Williams. Mais le poids du passé est trop lourd à porter pour Will, et il retombe régulièrement dans des comportements violents, d’exclusion ou d’auto-sabotage.

Un jour, Sean fait prendre conscience à Will qu’il n’est pas coupable de ce qui lui est arrivé (il montre alors les photos qu’il tient en main, de Will enfant, blessé par les coups). Il n’est pas coupable de toutes les souffrances qu’il a dû subir.

Sean répète alors calmement mais pleinement présent, avec compassion et sans « sentimentalisme » : (voir en bas de page l’extrait vidéo de la scène)

« Ce n’est pas de ta faute. »

« Ce n’est pas de ta faute. »

« Ce n’est pas de ta faute. »

Peu à peu Will craque. Les sanglots le submergent.

Ce qu’il portait jusqu’alors « s’évapore » sans doute en partie.

* * * *

Pourquoi Will souffrait-il tant, alors qu’il n’était plus maltraité depuis plusieurs année ?

Cette question peut sembler naïve, car on trouve cela normal de porter toute sa vie le poids de son passé.

Pourquoi « gâchait-il sa vie » alors qu’il avant tant de talents et « tant d’amour » à donner ?

Parce qu’il continuait à porter en lui le poids de la honte et de la culpabilité.

Le cerveau de l’enfant est tellement malléable et les expériences de souffrance marquent au fer rouge son fonctionnement psychique.

Il était dans le personnage triple du juge, de la victime et du coupable.
Il y étais encore totalement identifié.

Il est là le marquage au fer rouge.

Il était encore la victime de son père et la victime des coups.

Il était encore le coupable d’avoir ce vécu, ce passé et ces traumatismes.
Il y avait en lui « ce personnage » qui avait intégré la violence et voulait la faire payer à d’autres, au reste du monde et « à lui même ».

Et puis il y avait le juge qui disait que « ce n’est pas normal », « ce n’est pas acceptable d’avoir enduré cela, et d’être aujourd’hui cela ».

CE juge intérieur lui disait aussi : « C’est normal que tu sois ce que tu es aujourd’hui, que tu sois violent, instable et révolté, puisque tu es une victime. C’est CELA que tu es ».

En faisant cela le juge intérieur solidifie l’identification aux personnages de la victime et du coupable.

Mais Will savait aussi que cela ne créait que souffrance et chaos. C’est sans doute ce qu’il l’a sauvé, c’est à dire que son salut (la libération) est lié au fait qu’il ne s’est pas fondu totalement dans les personnages.

Il y avait un petit recul. Un espace de conscience entre l’esprit et les personnages.

C’est cet espace qui a « explosé » et qui a dissout les personnages lorsqu’il s’est pardonné à lui-même. C’est l’éveil.

* * * *

Auparavant ses pensées, sa façon de penser, qui étaient dictées par ses croyances, provenaient directement du système de défense qu’il avait dû mettre en place lorsqu’il vivait, enfant, cette insécurité et cette peur.

Mais ces pensées, ces croyances, il ne les avait pas choisies.
Même s’il les a fait « siennes », il ne les a pas choisies.
Elles se sont mises en place automatiquement.
Elles ont pris place lorsqu’il était en situation de faiblesse et elles se sont installées.

Mais…

Ce n’est pas « de sa faute » s’il pensait ainsi.

Ce n’est pas de « sa faute » s’il y avait toujours cette honte et ce ressentiment en lui.

Sauf que le juge en lui lui disait le contraire.

Mais ce n’était pas de « sa faute ».

Sean le lui répète en disant donc plusieurs fois : « Ce n’est pas de ta faute. »

À chaque fois qu’il le lui dit, Will cède peu à peu.
Plutôt que de rester dans le personnage et dire « Oh ce n’est pas grave… » ou « Laisse-moi tranquille », il accepte l’idée que ce n’est pas de sa faute.

Il quitte ainsi le juge, la victime et le coupable.

Il lâche prise.

Il se pardonne.
Il pardonne.


Il prend sans doute conscience que ces pensées ne sont pas et ne seront plus les siennes.

Qu’il n’est plus la victime.
Il n’est plus le coupable.
Et il n’y a plus de juge pour le contredire.
En tout cas, il ne l’écoute plus.

Cette libération expulse du corps ce poison émotionnel qui circulait en lui depuis si longtemps.

Il craque, il pleure.
Mais ce n’est pas de la colère.
Ce n’est pas de l’apitoiement ou de la panique.

C’est un nettoyage « soudain ».

Il dit adieu aux personnages et aux croyances.

C’est la manifestation physique d’un grand pardon.

Et le passé, « ce passé » n’existe plus en lui.
En tout cas, il n’est plus aux commandes.

Will est sorti du personnage, des personnages.

C’est cela le vrai pardon.

Le pardon inconditionnel.

Ce n’est pas un pardon à genoux car ce type de pardon laisse de place à la culpabilité.
On croit qu’on est coupable, qu’on est « un coupable » et « qu’il faut pardonner ou demander pardon ».

Mais nous sommes l’Amour.
Comment l’Amour pourrait-il souhaiter ce qui est contraire à l’Amour ?

Ce qui est ne peut pas aller contre ce qui est.


Ne plus juger.
Ne plus se juger.
Ne plus être la victime.
Ne plus s’identifier à une autre victime.
Ne plus être le coupable.
Ne plus voir de coupable.

Accepter ce qui est.

C’est pardonner.

Demander pardon y compris à soi.
Ce n’est pas « être désolé ».
Ce n’est pas se disculper.
C’est reconnaître sa responsabilité, sans se juger.
C’est quitter le jeu des personnages.
Et ainsi, se libérer du sentiment de culpabilité

Accorder son pardon, ce n’est pas dire : « je te pardonne » et rester toutefois dans le personnage de la victime.

C’est reconnaître que ce qui s’est passé est passé. Que cela n’existe pas dans le moment présent. Cela n’existe que si on croit qu’on est ce personnage de la victime.

Cela ne perdure que si on continue à juger ce qui s’est passé et à le considérer comme inacceptable.

C’est vrai que le plus souvent, c’est inconscient.
C’est pourquoi il faut d’abord en avoir pris conscience.
C’est pourquoi, parfois une aide extérieure peut permettre « d’y voir plus clair ».

Si on ne juge plus.
Si on n’est ni la victime ni le coupable.
Si on reste constamment dans le moment présent.
Si on est toujours présent donc lucide, confiant et clairvoyant.

Alors on pardonne vraiment.

On n’a d’ailleurs ensuite même plus besoin de pardonner. Cela se fait automatiquement car les personnages se sont évaporés et plus rien n’a de prise sur soi.

Ni juge, ni victime, ni coupable.
Mais libre et responsable.


Extrait de mon livre  » PRÉSENT « 


Voici l’extrait du film :

C’est pas ta faute.

Vous aimez ? 



Autres Ressources

VIDÉO – Qu’est-ce que l’égo ? Comment fonctionne-t-il ?

LIRE LA SUITE

Inscrivez-vous à la Newsletter 

Mon nouveau livre PRÉSENT est maintenant disponible !